Journée Internationale des soins palliatifs

(Vevey, le 10 octobre 2020)

La Mort.

La Vie.

Vie & Mort. Mort & Vie. Tous deux s’entrelacent amoureusement dans une danse folle, intense et belle, en un rituel mystérieux où la finitude de nos existences personnelles et les peurs qu’elle alimente en chacun de nous rencontrent les sagesses ancestrales qui transcendent nos destins, nous rappelant que des liens, invisibles mais indéfectibles, nous unissent à la terre dont nous sommes issus, à l’univers dont nous sommes une infime mais indestructible parcelle. Rien ne se crée. Rien ne se perd. Tout se transforme. Terre, eau, feu, air.

Samedi 10 octobre était la « Journée Internationale des Soins Palliatifs ». On m’a demandé un reportage car, à cette occasion, l’association « Palliative Vaud » – consacrée à faire connaître les soins palliatifs, à en former les intervenants (institutionnels ou bénévoles) ou à faire évoluer notre approche de la fin de vie – a mis en scène pour le public veveysan un rituel de deuil interprété par deux danseuses et trois musiciens qui se réunissaient pour la première fois à cette occasion. La journée froide et pluvieuse qui s’annonçait ne suscitait pas vraiment mon enthousiasme. Mais j’y ai découvert des personnes impliquées, profondément humaines et habitées d’une extraordinaire lumière intérieure.

Ce fut ainsi un moment incroyable de force et de beauté, un de ces moments rares qui gonflent notre cœur de bonheur – par-delà le drame qu’ils évoquent – et bousculent nos vies, car ils nous connectent, l’espace d’un instant, à l’essentiel.

La danse et la musique nous ont raconté, ensemble, la fin d’une vie, la douleur incommensurable de la séparation, le deuil qui semblait impossible, et qui pourtant viendrait un jour. Elles nous ont murmuré que, loin de s’opposer à la vie, la mort s’y inscrit en plein : elle en est la continuité et, sans doute aussi, le recommencement.

Ma seule déception fut la parcimonie du public. J’avais envie de crier : « Venez, venez voir ce spectacle essentiel, venez vous nourrir et vous abreuver à la beauté, venez vous réconcilier avec ce qu’il a de plus terrible dans nos existences, sa finitude ». Maurice Ravel a dit : « Il n’y a pas de grandeur sans tristesse ». Je crois profondément qu’il avait raison : notre vie n’aurait ni sa saveur particulière, ni son intensité sans la perspective de son inéluctable fin.

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Nikon D5 – Nikkor AF-S 70-200mm f/2.8 – 170mm 1/640s – f/2.8 – 2500 ISO

Adieu à la Librairie Raspoutine

Librairie Raspoutine - Dédicace de Cosey & Zep
Lorenzo Pioletti, entouré de Zep & de Cosey. Le gratin de la bande-dessinée romande pour une apothéose.

Il y a tout juste 30 ans, Lorenzo ouvrait à Lausanne la Galerie Librairie Raspoutine, dédiée à la bande-dessinée.

On y dénichait de petites pépites : éditions limitées, sérigraphies numérotées et signées… Et le maître des lieux n’avait pas son pareil pour vous faire découvrir et aimer les dernières nouveautés.

Ses qualités humaines, sa tchatche et son empathie ne l’ont pas seulement fait aimer de ses clients, mais des créateurs de BD aussi. Il en connaissait les plus grands, et c’est le maître Hugo Pratt en personne qui avait en son temps dessiné son enseigne. Beaucoup d’autres sont passés par sa librairie, pour y exposer leurs planches et se prêter au jeu des dédicaces.

Cette belle aventure, hélas, a pris fin avec l’année 2019. Les grandes surfaces qui distribuent la culture à la chaîne, les vendeurs en ligne aussi ont eu raison de cette belle aventure humaine. Ici aussi, le mercantilisme a dompté la passion, les échanges passionnés et les rencontres qui enrichissent l’âme…

Merci à Lorenzo pour sa passion communicative, pour toutes ces merveilles qu’il m’a permis de découvrir, pour le rêve et pour les belles rencontres qui n’auraient pu se faire sans lui.

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Nikon D3S – Sigma 35mm f/1,4 Dg HSM Art – 1/160s / f/2,5 / 1600 ISO

Rencontre – Maricita

(Lausanne, le 30 mai 2015)

Maricita a 55 ans ce 13 juin.

Elle pleurait seule pourtant, quand je l’ai abordée ce matin. C’est que lundi, cela fera 5 ans aussi que son fils est mort d’un coup de couteau. Parce qu’il était au mauvais endroit, au mauvais moment.

J’aimerais souhaiter à cette mère courage une année belle et légère.

Le destin daignera-t-il faire ce cadeau à cette femme Rom, si loin de chez elle, venue chercher ici quelques miettes d’espoir et de quoi modestement entretenir le reste de sa famille restée au pays.

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Nikon D700 – Sigma 35mm f/1.4 GD HSM (Art) – 1/1600s – f/2.5 – 400 ISO

Les enfants de Gaza…

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Manifestation de soutien au peuple de Gaza (Lausanne, le 22 juillet 2014)

Sans vouloir faire du manichéisme politique primaire, je trouve cette image très touchante et forte. Parce qu’elle nous rappelle que dans les conflits et les haines qui se construisent entre les peuples (et dont il est illusoire de vouloir désigner un responsable plutôt qu’un autre), les réelles victimes des violences sont les enfants, coupables seulement d’être nés au mauvais endroit, au mauvais moment. Et cela est proprement intolérable…

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Nikon D3S – AFS-S Nikkor 70-200mm f/2.8 – 98mm – 1/200s – f/3.5 – 250 ISO

Lausanne – Coupe du Monde 2014 – Durant la finale Argentine – Allemagne

Fans de foot - Lausanne, Fan zone Bellerive - Coupe du Monde 201

L’espoir… Un petit garçon, tout seul sous son parapluie croise les doigts et fixe désespérément l’écran. C’est après le but de l’Allemagne, et il porte le maillot de l’Argentine.

Toute la détresse dans ce regard, et tout l’espoir du monde dans ces doigts croisés…
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Hope… A little boy alone under his umbrella, crosses his fingers and looks desperately the big screen. This is after the goal of Germany, and he wears the jersey of Argentina.
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(Lausanne, Fan Zone, Place Bellerive, le 13 juillet 2014)

Nikon D3S – Nikkor AF-S 70-200mm f/2.8 VR à 110mm – Flash Nikon SB 910 – 1/60 s – f/ 2.8 – 400 ISO

Toutes les images des fans lausannois ici : https://www.flickr.com/photos/degust/sets/72157644780938500/

Lausanne – Coupe du Monde 2014

Lausanne - Coupe du Monde 2014

Je suis fasciné par ces moments de liesse collective que déclenchent les grands matches de foot, notamment lors de la Coupe du Monde. Ceux-ci m’interrogent toujours : qu’est-ce qui fait qu’un jeu – entre 22 personnes – à l’autre bout du monde, crée autant de joie, et corollairement autant de déception dans les pays d’où sont originaires les joueurs ? Comment ce sport, cette compétition réussit-elle, pour le meilleur comme pour le pire, à rassembler de la sorte les foules autour d’une identité nationale. Comment se fait-il que des personnes s’identifient ainsi à une équipe au point de pouvoir dire, sur le résultat de 90 minutes de jeu : « j’ai honte » ou « je suis fier » d’être de tel ou tel pays ?
Par delà des dérives, les matches rassemblent les gens. Autour de valeurs, certes superficielles, d’origine ou de lieu de vie. Et ces identités se créent toujours en opposition à d’autres. Rien n’est parfait…
Mais j’ai vu aussi des gens de toutes origines : kosovars, macédoniens, palestiniens, être heureux de la victoire de l’équipe de Suisse, simplement parce qu’ils vivaient dans ce pays… ou aussi, mais pas seulement, parce que des jeunes, issus de leur culture, avaient su se faire accueillir dans l’équipe Suisse. Cela aussi, c’est de l’intégration.
Le sport est un combat, un succédanné de guerre, je le pense. Et les klaxons assourdissants (vraiment assourdissants !) entendus à Lausanne après cette victoire ne sont pas sans rappeler les scènes de joie qui ponctuent les armistices dans les pays vaiqueurs…
« Panem et circenses » disaient déjà les Romains. Les choses n’ont peut-être pas tant changé que cela en 2000 ans.
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(Fête de la victoire de la Suisse contre l’Equateur, le 15 juin 2014)

Nikon D3S – Nikkor 70-200mm f/2.8 à 70mm
1/1250s – f/2.8 – 800 ISO

Le marchand de sable – The sandman

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(Paris, XIIIe, le 5 avril 2014)
Fresque de Levalet (Encre de chine sur kraft et mortier sur mur)
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Une fresque très forte de Levalet, qui fait écho à la dureté de la vie parisienne. Levalet est un professeur d’arts plastiques, mais aussi, la nuit, un artiste de ‘street art’.

Les SDF, les mendiants, les ‘laissés pour compte’ sont toujours plus présents à Paris. Cet aspect me frappe à chacun de mes séjours – réguliers mais espacés – dans la Ville Lumière. La dureté, c’est aussi, et peut-être avant tout, l’indifférence à l’égard de ces exclus de la vie sociale.

Cette fresque illustre cela à la perfection et l’indifférence du passant renforce le propos. Seul l’enfant tourne la tête et semble voir l’invisible.

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A very strong fresco by Levalet, which echoes the hardness of Parisian life. Levalet is a professor of visual arts, but also at night, an artist of ‘street art’.

The homeless, beggars, ‘left behind’ are always more present in Paris. This aspect shocks me at each of my stays – but regular spaced – in the City of Light. Hardness is also, and perhaps above all, the indifference to those excluded from social life.

This fresco illustrates that to perfection and the indifference of the walker reinforces this point. Only the child turns his head and seems to see the invisible.
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Nikon D700 – Sigma 35mm f/1.4
1/400s – f/3.5 – 200 ISO

 

Grâce

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(Lausanne, le 23 mai 2014)<br
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Une musicienne encore, qui chante et joue de sa guitare. Elle est venue du Chili, il y a des années déjà. Une sorte de retour aux sources, puisque sa grand-mère était suisse, émigrée en lointaine Amérique du Sud dans sa jeunesse. Grâce aurait pu avoir une grande carrière. Jeune femme, elle avait gagné un prestigieux concours de musique en Amérqiue du Sud. La malchance, la rapacité d’un producteur sans scrupules l’a privée d’une notoriété dot elle rêve aujourd’hui, avec nostalgie.
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A musician again, who sings and plays her guitar. She came from Chile, many years ago. A sort of homecoming, since her grandmother was Swiss, emigrated to distant South America in her youth. Grâce could have a great career. Young woman, she won a prestigious music competitions in South Amérqiue. Bad luck, greed of an unscrupulous producer deprived this woman of celebrity. She dreams today about it with nostalgia.
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Nikon D3S – Nikkor 85mm f/1.4 G
1/320s – f/2.0 – 200 ISO

Rencontre – Zorro

Rencontre - Zorro

(Lausanne, Saint-Laurent, le 25 mars 2014)
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Je ne sais rien de cette femme. Elle ne m’a pas parlé d’elle. Elle m’a seulement parlé de son chien de 13 ans qu’elle a eu lorsqu’il avait juste 8 mois. Et lorsque je lui ai demandé si je pouvais la prendre en photo, elle m’a juste dit : « Oui, mais avec Zorro ! ».
Elle m’avait abordé pour me demander quelques sous car, « vous savez, les temps sont difficiles. Et avec mon chien… je dois bien lui acheter à manger ». Et oui, un compagnon de 13 ans, ça compte. Que serait-elle aujourd’hui sans lui ? Je ne sais rien de cette femme, et pourtant son regard, son sourire nous disent tant…
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Nikon D700 – Nikkor 85mm f/1.4 – 1/200s à f/3.2, 800 ISO

Jeunesse militante

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(Lausanne, cortège du 1er mai 2014)

La jeunesse qui s’implique, qui bouge, qui s’abreuve d’utopie, qui ose rêver, encore… C’est important, non ?
Ne pas penser à soi seulement, mais se tourner – se battre même – pour les autres, car on sait que l’on vit dans la même société, dans le même monde et que l’empathie et la solidarité sont les seuls moyens que nous ayons de nous en sortir sur le long terme…
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Youth who is involved and moving, who loves utopia, who dares to dream again… It’s important, right?
Not just thinking of oneself, but looking – even fighting – for others, because we know that we live in the same society in the same world and that empathy and solidarity is the only way we have to save us.
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Nikon D3S – Nikkor 85mm f/1.4 G – 1/4000s – f/1.6 – 200 ISO